
Le jury aime parfois « croiser » les notions, pour interroger là où on ne l’attend pas (ou plutôt, à l’opposé de là où on l’attend). Ce soir, j’ai donc décidé de faire un petit point sur la notion de « temps » en géographie (pour ce qui est de la notion de « temps » en histoire, vous avez eu une conférence et vous êtes donc au point). En revanche, il faudrait aussi réfléchir à la notion d’ « espace » en histoire… À bon entendeur !
Pour cette thématique, il faut citer quelques géographes importants :
Jean Tricart (1920-2003), qui travaille en géomorphologie sur le temps non linéaire, marqué par des crises, des seuils et des évolutions lentes.
Torsten Hägerstrand (1912-2004), un géographe suédois qui, pour la première fois, propose une véritable approche géographique du temps (il appartient à l’école géographique de Lund) : c’est la time geography, qui procède à la modélisation de trajectoires dans un système de coordonnées à 3 dimensions (dont le temps). Le but : parvenir à étudier l’action humaine dans l’espace de façon dynamique et à analyser, grâce à cela, des problèmes de localisation
Citons encore Denise Pumain (pour l’analyse spatiale, qui requiert bien sûr qu’on s’inscrive dans le temps), Georges Bertrand (le fameux géosystème intègre une dimension temporelle), Jacques Lévy (rappelons qu’il est le co-fondateur de la revue Espace-Temps ou bien Donald Janelle, un géographe anglo-saxon qui développe le concept d’ « espace-temps ».
Le temps, c’est le cadre dans lequel se développe le possibilisme vidalien, prolongé et systématisé par Fernand Braudel (l’espace permet de continuer la lutte contre l’histoire événementielle en introduisant une échelle temporelle : la longue durée). L’historien des Annales tend donc à réduire l’espace à une temporalité particulière (le temps géographique, ou temps long). Cette géographie est intimement liée au temps, mais c’est un temps presque immobile.
Dans les années 1950, en réaction à l’utilisation de la géographie par les historiens, des géographes plaident pour une géographie qui colle à l’actualité. C’est le cas de Pierre Georges, qui s’implique dans l’élaboration des bilans politiques ou économiques annuels du monde. Cette nouvelle génération de géographes prend bien en compte le temps politique, afin de transposer les connaissances géographiques dans le domaine de l’aménagement.
Dans les années 1980, la question du temps commence à vraiment intéresser les géographes français. Ils reprennent alors des concepts anglo-saxons (la contraction de l’espace-temps de Donald Janelle) et développement des réflexions originales (la réflexion géohistorique).
Plus récemment, la géographie post-moderniste d’Edward Soja proclame la fin du temps dans un monde en réseau mais fragmenté et considère le nouveau siècle comme celui du triomphe du lieu sur le temps.
Peut-on mesurer l’espace en termes de temps ? Quelles implications cela a-t-il ? On peut, bien sûr, mesurer l’espace en termes de temps (cf. illustration).
Ainsi, les Inuits mesurent la distance d’un camps à un autre en termes de nuits passées (nuits = sommeils). On décide des limites départementales dans la France révolutionnaire pour que chaque point du département puisse être rallié en un jour de cheval (aller et retour) depuis le chef-lieu.
Le temps en géographie permet d’analyse des phénomènes de tendances, de diffusion. Le temps intervient comme moyen de mesure, il permet de définir des rythmes (par exemple, la progression d’une maladie dans l’espace par la contagion lente d’un territoire à son voisin, ou par sauts spatiaux quand elle est transmise par des voyageurs (l’actualité récente nous en a donné de nombreux exemples).
Ajoutons enfin que, généralement, les modèles utilisés par les géographes intègrent implicitement la notion de temps, en postulant l’antériorité de la cause sur sa conséquence…
Pour cette thématique, il faut citer quelques géographes importants :
Jean Tricart (1920-2003), qui travaille en géomorphologie sur le temps non linéaire, marqué par des crises, des seuils et des évolutions lentes.
Torsten Hägerstrand (1912-2004), un géographe suédois qui, pour la première fois, propose une véritable approche géographique du temps (il appartient à l’école géographique de Lund) : c’est la time geography, qui procède à la modélisation de trajectoires dans un système de coordonnées à 3 dimensions (dont le temps). Le but : parvenir à étudier l’action humaine dans l’espace de façon dynamique et à analyser, grâce à cela, des problèmes de localisation
Citons encore Denise Pumain (pour l’analyse spatiale, qui requiert bien sûr qu’on s’inscrive dans le temps), Georges Bertrand (le fameux géosystème intègre une dimension temporelle), Jacques Lévy (rappelons qu’il est le co-fondateur de la revue Espace-Temps ou bien Donald Janelle, un géographe anglo-saxon qui développe le concept d’ « espace-temps ».
Le temps, c’est le cadre dans lequel se développe le possibilisme vidalien, prolongé et systématisé par Fernand Braudel (l’espace permet de continuer la lutte contre l’histoire événementielle en introduisant une échelle temporelle : la longue durée). L’historien des Annales tend donc à réduire l’espace à une temporalité particulière (le temps géographique, ou temps long). Cette géographie est intimement liée au temps, mais c’est un temps presque immobile.
Dans les années 1950, en réaction à l’utilisation de la géographie par les historiens, des géographes plaident pour une géographie qui colle à l’actualité. C’est le cas de Pierre Georges, qui s’implique dans l’élaboration des bilans politiques ou économiques annuels du monde. Cette nouvelle génération de géographes prend bien en compte le temps politique, afin de transposer les connaissances géographiques dans le domaine de l’aménagement.
Dans les années 1980, la question du temps commence à vraiment intéresser les géographes français. Ils reprennent alors des concepts anglo-saxons (la contraction de l’espace-temps de Donald Janelle) et développement des réflexions originales (la réflexion géohistorique).
Plus récemment, la géographie post-moderniste d’Edward Soja proclame la fin du temps dans un monde en réseau mais fragmenté et considère le nouveau siècle comme celui du triomphe du lieu sur le temps.
Peut-on mesurer l’espace en termes de temps ? Quelles implications cela a-t-il ? On peut, bien sûr, mesurer l’espace en termes de temps (cf. illustration).
Ainsi, les Inuits mesurent la distance d’un camps à un autre en termes de nuits passées (nuits = sommeils). On décide des limites départementales dans la France révolutionnaire pour que chaque point du département puisse être rallié en un jour de cheval (aller et retour) depuis le chef-lieu.
Le temps en géographie permet d’analyse des phénomènes de tendances, de diffusion. Le temps intervient comme moyen de mesure, il permet de définir des rythmes (par exemple, la progression d’une maladie dans l’espace par la contagion lente d’un territoire à son voisin, ou par sauts spatiaux quand elle est transmise par des voyageurs (l’actualité récente nous en a donné de nombreux exemples).
Ajoutons enfin que, généralement, les modèles utilisés par les géographes intègrent implicitement la notion de temps, en postulant l’antériorité de la cause sur sa conséquence…
1 commentaire:
Cet article est fort utile à quelques jours de l'oral.
Je me permets d'ajouter 2 ou 3 éléments qui me viennent à l'esprit.
Une agence immobilière de Lyon propose à ses clients de guider leur choix immobilier en fonction des temps de parcours vers leur travail ou loisirs plutôt qu'en fonction des distances kilométriques.
Cette démarche s'intègre dans le développement du "chrono-urbanisme", pratiqué dans le Grand-Lyon:
http://www.millenaire3.com/chrono-urbanisme.342+M5fab7b7cfe0.0.html
Une citation de Marcel Roncayolo me vient à l'esprit: "les territoires sont du temps consolidé".
Enfin, Yves Jean, dans son manuel sur la question de l'aménagement des territoires en France, considère qu'il faut revoir la politique du temps. Il part du principe que les infrastructures nouvelles de transport semblent poser des problèmes environnementaux + congestion. Ce ne sont donc pas les infrastructures qu'il faut repenser mais les "superstructures" (proposer de nouveaux horaires de travail par exemple)
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