
À l'heure où l'humoriste (??) Dieudonné dérape encore, et invite le négationniste (je souligne, on entend trop souvent parler de "révisionniste", attitude normale en histoire) Robert Faurisson, condamné à plusieurs reprises pour avoir nié le génocide des juifs, afin de lui remettre “le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence”, prix remis par son technicien Jacky dans “son habit de lumière”, à savoir vêtu en déporté juif (qu'est-ce qu'on se marre...), et pour sortir d'une polémique stérile dans laquelle on n'a d'ailleurs guère envie d'entrer (personnellement, j'évite de discuter avec les imbéciles), je vous invite à vous rendre au musée des Beaux-Arts de Lyon, où se tient à l'heure actuelle une magnifique exposition temporaire : "1945-1949. Repartir à zéro,comme si la peinture n'avait jamais existé". Les œuvres exposées sont peu connues, et le parcours muséographique est passionnant. En 1945, le monde se réveille du long cauchemar de la Seconde Guerre mondiale, entre joie et désespoir, joie d'une liberté retrouvée, désespoir de constater que le pire avait eu lieu. L'humanité a prouvé qu'elle était capable de se détruire elle-même, jusqu'à l'innommable. Il semble qu'il faille aujourd'hui, plus que jamais, nommer l'innommable, pour qu'il ne soit plus possible que le Zénith de Paris soit plein de spectateurs hilares à ce genre de "plaisanteries". Dans cette exposition, ce sont les diverses modalités d'expression nouvelles envisagées par les artistes au lendemain de la guerre qui sont explorées. La question centrale : "comment continuer à faire de l'art au lendemain de l'horreur ? comment exprimer ces atrocités alors même qu'elles relèvent de l'inimaginable ?".
Du coup, j'en profite pour évoquer la figure de Pierre Vidal-Naquet (1930-2007), grand spécialiste de la Grèce antique et intellectuel engagé. Né dans une famille juive, il a 9 ans lorsqu'éclate la guerre. Il raconte en ces termes sa découverte de l'histoire : « Toute ma vie a été marquée par le récit que m'a fait mon père à la fin de 1941 ou au début de 1942 de l'affaire Dreyfus [...] C'est aussi à travers l'Affaire que j'ai été formé non seulement à la politique mais à la morale et à l'histoire. » En mai 1944, ses parents furent arrêtés à Marseille puis déportés à Auschwitz où ils furent exterminés. Cette expérience l’incita plus tard à s’engager dans la vie de la cité, en tant qu’historien. Il est une des grandes figures de la lutte contre le négationnisme. La suite est à lire ici : Vidal Naquet
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