mercredi 22 octobre 2008

TD n°2 : Des musées d'histoire, pour quoi faire ?

Le sujet du TD n°2 est en ligne : TD n°2. Musées
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"Pourquoi en parler ? Pour tout un TD sur le sujet ?" me direz-vous.

Il s'agit d'abord de prendre en compte l'évolution récente des programmes (rentrée 2009 pour les 6e, 2010 pour les 5e, 2011 pour les 4e, 2012 pour les 3e).
Je ne citerai qu'une partie du préambule du BO (le Bulletin Officiel, LA référence pour les enseignants qui doivent s'y conformer) organisant l’enseignement de l’histoire des arts (BO n°32 du 28 août 2008, en ligne) :
« L’enseignement de l’histoire des arts est un enseignement de culture artistique partagée. Il est porté par tous les enseignants. Il convoque tous les arts. Son objectif est de donner à chacun une conscience commune : celle d’appartenir à l’histoire des cultures et des civilisations, à l’histoire du monde. Cette histoire du monde s’inscrit dans des traces indiscutables : les œuvres d’art de l’humanité. L’enseignement de l’histoire des arts est là pour en donner les clés, en révéler le sens, la beauté, la diversité et l’universalité. […] Sans renoncer à leur spécificité, le français, l’histoire-géographie-éducation civique, les langues vivantes et anciennes, la philosophie, mais aussi les disciplines scientifiques, économiques, sociales et techniques et l’éducation physique et sportive s’enrichissent de la découverte et de l’analyse des œuvres d’art, des mouvements, des styles et des créateurs ».

On note toutefois un renforcement des relations entre ces « enseignements artistiques » (arts appliqués, arts plastiques, cinéma et audiovisuel, danse, musique, théâtre et arts du cirque) avec les « humanités », français, histoire-géographie-éducation civique, langues vivantes et anciennes, philosophie…
Triple finalité :
- favoriser d’autres façon d’enseigner (interdisciplinarité et travail en équiper : « croiser savoirs et savoir-faire, […], acquérir des compétences nouvelles, […] aborder des territoires jusque-là peu explorés
- permettre aux élèves de mettre en cohérence des savoirs pour mieux cerner la beauté et le sens des œuvres abordées, en lien avec la société qui les porte
- leur faire découvrir et apprécier la diversité des domaines artistiques, des cultures, des civilisations et des religions, constater la pluralité des goûts et des esthétiques, s’ouvrir à l’altérité et à la tolérance
- goûter le plaisir et le bonheur que procure la rencontre avec l’art

Au collège, l’histoire des arts est assurée principalement par les disciplines constitutives de la culture humaniste et « représente un quart du programme d’histoire ». Il s’agit notamment de s’attacher à l’histoire du domaine artistique en se conformant à la succession des périodes historiques :
- Classe de 6e : de l’Antiquité au IXe siècle
- Classe de 5e : du IXe à la fin du XVIIe siècle
- Classe de 4e : XVIIIe siècle et XIXe siècle
- Classe de 3e : Le XXe siècle et notre époque

Cf. l’introduction des nouveaux programmes d’histoire-géographie :
« I.4. Les convergences avec d’autres disciplines et l’importance de l’histoire des arts. […] L’histoire des arts porte sur les grandes formes d’expression artistique qui, si elles ne sont pas toutes étudiées dans le cadre des programmes d’histoire, y sont largement représentées : à chaque niveau, elles participent des six grands domaines artistiques de l’enseignement de l’histoire des arts et s’inscrivent dans ses thématiques. Enseignement de mise en perspective historique des différentes formes d’expression artistique, l’histoire des arts est un enseignement de culture fondé sur une approche à la fois pluridisciplinaire et transversale des œuvres.
En histoire, l’approche privilégie trois axes :
- contribuer à la transmission d’une histoire culturelle en faisant acquérir des repères historiques essentiels,
- travailler sur des œuvres d’art en visant l’acquisition de compétences méthodologiques utiles à leur analyse, en particulier pour ce qui relève du travail sur l’image
- participer à une éducation au patrimoine
Tout au long du cursus, il s’agit d’acquérir des connaissances et des repères en mettant en œuvre une méthode d’analyse qui vise à former l’esprit critique, à développer l’aptitude à argumenter et à communiquer en utilisant un langage clair, enrichi du vocabulaire spécifique adéquat"


Le problème, c'est que malgré ces nouvelles dispositions, le « divorce (est) patent, ancien, profond et regrettable » entre les historiens et les musées, selon Laurent Gervereau (Directeur du musée d'histoire contemporaine de la BDIC. Voyez son passionnant article sur le sujet dans la revue Vingtième Siècle Voyez aussi le site d'éducation à la lecture des images qu'il coanime : imagesmag.net) . On reviendra sur l’histoire des musées. Signalons simplement que le modèle traditionnel du musée est longtemps demeuré le musée d’art et d’histoire, version encyclopédiste et polymorphe de la collection, mêlant art, géographie, archéologie, économie, biographies, ethnologie… Depuis la seconde moitié du XXe siècle est apparu un nouveau type d’institution aux antipodes de la première : le musée démonstratif. Constitué par ordre politique, il défend une mémoire particulière. Éclectisme / homogénéité. Mais dans un cas comme dans l’autre, le parcours est construit pour délivrer un message univoque. Et ces deux types d’institutions n’ont que faire des historiens, privilégiant pour l’une le catalogue, pour l’autre une mémoire et une vision spécifique de l’histoire.
Ajoutons qu’il semble exister une défiance active de la part des historiens à l’égard de tout ce qui n’est pas écrit. Sans doute par défaut de formation, ils sont souvent frileux quand il s’agit d’utiliser d’autres types de sources, d’autres documents pour soutenir leurs recherches et leurs enseignement, en dépit des très nombreuses illustrations (documents iconographiques) que l’on trouve dans les manuels, qui sont souvent cantonnées au rôle justement d’illustration, qui intervient en simple supplétif pour mettre un discours en image, mais qui porte rarement ce discours en soi. À noter que le recours des historiens au musée pour étudier une question est inversement proportionnel à la production écrite de la période en question : on recours donc à ces institutions à défaut d’archives. Le savoir historien conquiert d’abord ses connaissances par l’écrit.

Pourtant, une évolution historiographique récente : l’histoire culturelle, devrait permettre de donner toute leur place aux œuvres d'arts et aux images dans l'enseignement de l'histoire en classe. Il faut signaler ici les travaux pionniers de Maurice Agulhon sur Marianne (Marianne au combat. L’imagerie et la symbolique républicaine de 1880 à 1914, Flammarion, 1979), qui collabore alors largement avec les musées. Progressivement, on a pris conscience de la valeur documentaire des œuvres d’art, au-delà de leur dimension esthétique. On peut donner l'exemple du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud : un portrait « codé », dont le décodage permet de faire toute une mise au point sur l’absolutisme et, au-delà encore, de donner une bonne image de l’organisation sociale du temps.

Enfin, les musées d’histoire eux-mêmes font leur révolution : ils ne se contentent plus d’être de purs conservatoire en charge de la défense de quelque mémoire, très chargés idéologiquement, mais deviennent de véritables institutions de recherche et d’enseignement, invitant les historiens et élaborant des manifestations comparatistes. Exemple du parcours à 3 voix (France, Allemagne, Grande-Bretagne) de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne, conçu avec des historiens internationaux du centre de recherche basé de façon permanente dans le musée.

Il faut avoir des bases sur l'histoire de l'institution muséale en France, et voilà de quoi les poser : Petite Histoire Des Musées
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Idéalement, à la fin de ce TD :
- vous êtes au point sur les programmes du collège et du lycée (anciens et à venir, fût-ce seulement dans les grandes lignes pour ces derniers). Rappelons que vous devez connaître ces programmes pour les oraux en ESD.
- vous avez complété vos connaissances sur l'histoire culturelle
- vous vous êtes mis au point sur la méthodologie du commentaire de document iconographie (un manuel de secondaire avec un bon commentaire du portrait en pied de Louis XIV évoqué plus haut fait très bien l'affaire pour amorcer les choses)
- vous savez ce qu'est un document patrimonial
- vous connaissance la collection Le Temps des Images, qui se consacre à l'analyse du patrimoine iconographique et des pratiques ou des représentations collectives qui s'y rattachent.
- vous êtes au point sur l'historiographie de la Révolution française


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